“La reconquête urbaine”, c’est le mot d’ordre de l’opération Réinventons nos places, lancée en juin 2015 par la Ville de Paris, et qui devrait aboutir d’ici 2019 à un vaste réaménagement de sept places emblématiques : Bastille, Nation, Panthéon, Italie, Gambetta, Fêtes et Madeleine.

Deux ans après l’inauguration d’une Place de la République aux usages redécouverts par les Parisiens - skateurs, artistes, fêtards, militants et autres Nuit-Deboutistes -, c’est par un processus participatif nouveau que la mairie ambitionne de reproduire l’opération (avec un budget restreint, l’enveloppe décernée à l’ensemble des 7 place étant égale à celle de République). Après une consultation publique protéiforme, en ligne et auprès des riverains, vouée à insuffler une dynamique collective et à identifier les enjeux prioritaires, la Ville a désormais débuté l’installation de collectifs sur les places, afin de faire émerger des solutions in-situ. Que restera-t-il de ce processus, et aboutira-t-on a une réelle réinvention ?

Si reconquête il y a, c’est bel et bien que nous avons été dépossédés de notre espace public. Alors qu’un quart de la superficie de la capitale est occupé par la voirie, rues, boulevards et places ont largement été destinés à la circulation automobile, au détriment des piétons, renvoyés dans les sous-sols du métro. Cette focalisation unique sur les flux a empêché la création d’espaces d’arrêt, de rencontre, ouverts à de multiples usages, propres à l’invention collective. C’est ce constat partagé sur l’ensemble de ces sept places qui a encouragé leur traitement collectif, tout en s’arrêtant sur les particularités de chacune.

Que l’on pense l’espace public dans sa définition technique d’“endroit accessible au public, arpenté par les habitants”, ou démocratique, comme “lieu du débat politique, de la confrontation des opinions privées, de communication” (Thierry Paquot), on peine à rapprocher ces définitions des sept places sélectionnées. Une place possède pourtant ses qualités propres qui la différencient, entre autres, de la rue. Carrefour ou interface, où aboutissent et démarrent chemins et rues, elle est d’abord un noeud de circulation, une micro-centralité qui structure la vie de quartier. A la croisée des déplacements, mais aussi des enjeux, des usages et des identités, par sa physionomie la place invite à l’occupation, c’est cette “portion libre d’espace qu'occupe ou que peut occuper quelqu'un ou quelque chose’” (CNTRL) : marchés, fêtes, manifestations ou évènements culturels, la place s’anime à de multiples temporalités. Mais d’où les places tirent-elles leur singularité, l’aménagement seul est-il décisif pour faire qu’une place fonctionne ou non, en tant qu’espace public et collectif ?

A l’heure où il est question de les réinventer, notamment au profit des piétons, A Travers Paris se propose de parcourir ces sept places dans la posture du marcheur. Une manière de se réapproprier leur riche histoire, de redécouvrir leur patrimoine architectural, mais aussi de questionner le contexte urbain propre à chaque place, et les scissions entre usages concurrents ou complémentaires. Marcher ainsi pour comprendre les enjeux débattus lors des concertations, et juger des aménagements projetés. Car l’ambition municipale est annoncée d’emblée, “l’espace redonné aux piétons est une page blanche : tout reste à inventer, co-élaborer et co-construire” - donnons-nous une heure pour, à notre échelle de marcheur, contribuer à l’écriture de la ville !

“Place publique” = Dans une ville, une agglomération ou un village, lieu public consistant en un espace plus ou moins large, découvert et le plus souvent entouré de bâtiments publics, où aboutissent plusieurs rues ou avenues, et où ont lieu souvent des activités commerciales, festives ou publiques.” (CNTRL)

Les promenades du cycle sur les places auront une durée exceptionnelle d'une heure, en soirée (afterwalk), et toujours ouvertes à une participation libre.

Pendant et après les visites, vous serez invités à partager vos impressions et commentaires afin de participer à la construction d'un état des lieux de notre expérience des places traversées.

Jeudi 13 Octobre
La Bastille, une place-pont retrouvée ?
Afterwalk : RDV à 19h en haut des marches de l'Opéra Bastille
Thibault : 06 09 79 27 69

Jeudi 20 Octobre 
Place des Fêtes, à l'épreuve du vide ?
Afterwalk : RDV à 19h à la station de métro Place des fêtes (lignes 11 et 7 bis) sortie rue Compans
Mathilde : 06 70 58 55 58

Dimanche 6 Novembre
La Bastille, une place-pont retrouvée ?
RDV à 15h en haut des marches de l'Opéra Bastille
Thibault : 06 09 79 27 69

Jeudi 24 Novembre
Place de la Nation, une rénovation connectée : les capteurs à l'assaut de la ville ?
Afterwalk : RDV à 19h à la station Nation, sortie 1
Jérémy : 06 46 75 34 74

Jeudi 1er Décembre
Madeleine, monument en quête de place
Afterwalk : RDV à 18h30 sur les marches du parvis de l'église (côté sud)
Thibault : 06 09 79 27 69

Dimanche 4 Décembre
Place de la Nation, une rénovation connectée : les capteurs à l'assaut de la ville ?
RDV à 15h sur la place de la Nation, au pied de la colonne sud.
Jérémy : 06 46 75 34 74

Les dates des prochaines places seront publiées en janvier !

CNTRL, Portail Lexical, “place” : http://www.cnrtl.fr/definition/place

Antoine Fleury & Louise Wuest, « Vers de nouveaux modes de production des espaces publics à Paris ?. Réflexions à partir du projet « Réinventons nos places » », Métropolitiques, 18 mars 2016. http://www.metropolitiques.eu/Vers-de-nouveaux-modes-de.html

Thierry Paquot, L'espace public, La Découverte, coll. « Repères », 2009, 125 p